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In Memoriam : Philippe Hugon (1939-2018)

Le 25 avril 2018 à 14h54

In Memoriam : Philippe Hugon



Philippe Hugon (1939-2018) aura été un intellectuel polyvalent et omniprésent. L’enseignant a été agrégé en sciences économiques et professeur (de classe exceptionnelle) à l’Université Paris X-Nanterre. Il avait été professeur à l’Université du Cameroun (1963-1965) et de Madagascar (1969-1974). Il a enseigné au sein du Collège interarmées de défense et à IRIS SUP’, au sein de l’Institut de relations internationales & stratégiques. Il a par ailleurs été professeur invité dans de nombreuses universités africaines.

Le chercheur a été directeur de recherche à l’IRIS, en charge de l’Afrique, Il faut l’auteur d’une centaine d’articles dans des revues spécialisées – par exemple sur le blog de géopolitique Diploweb [https://www.diploweb.com] et une quinzaine d’ouvrages sur le développement et l’économie politique internationale. Cette assise lui a permis d’être le directeur scientifique de la Revue Tiers Monde et d’être aussi chargé du chapitre « Afrique subsaharienne » dans L’Année stratégique en 2002-2015 (Dalloz).

Enfin, l’expert a été consultant pour de nombreux organismes internationaux et nationaux d’aide au développement (Banque mondiale, BIT, Commission européenne, OCDE, ministère des Affaires étrangères, PNUD, UNESCO). C’est qu’il a sans cesse éprouvé la nécessité de relier les acquis académiques et l’action institutionnelle : il a présidé par exemple le CERNEA, le Centre d’études & de recherche pour une nouvelle économie appliquée. Il aura également participé à de nombreuses émissions de radio et été souvent interviewé dans la presse, en autant d’occasions de « bonne vulgarisation » de son corpus de recherche.

La profondeur de ses connaissances lui aura permis de plaider la cause d’une approche multilatérale des réalités du développement, en tenant compte des différences de potentiel des divers ensembles territoriaux et donc en rejetant tout simplisme, voire tout pessimisme ou engouement passager. Le « développement » peut en effet suivre plusieurs trajectoires différentes, comporter des structures et aspects propres à chaque territoire, refléter des héritages et des stratégies caractéristiques de chacun d’entre eux. Il distinguait notamment les pays peu diversifiés car dépendant d’une « rente », surtout pétrolière, la puissance régionale des pays semi industrialisés, les économies agro-industrielles à forte croissance et des pays émergents à « régime d’accumulation ouverte » et dotés de classes moyennes, tous distincts des pays « pris dans des trappes de pauvreté ».

Hubert Bonin.