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Vient de paraître Le voyage du Rurik. L’expédition Romanzov à la découverte du Pacifique : 1815-1818 de Otto von Kotzebue, récit traduit, présenté et annoté par Marc Delpech aux éditions La Lanterne magique

Le 20 septembre 2017 à 16h39

Vient de paraître Le voyage du Rurik. L’expédition Romanzov à la découverte du Pacifique : 1815-1818 de Otto von Kotzebue, récit traduit, présenté et annoté par Marc Delpech aux éditions La Lanterne magique, 2017, 412 p. ISBN : 978-2-916180-24-3 Prix : 25 euros.

En couverture : Habitants du golfe de Kotzebue, Louis Choris, Voyage pittoresque autour du monde, 1822.

"Ce classique de la littérature maritime, bien écrit, est traduit pour la première fois en français (traduit de l’allemand et présenté par Marc Delpech) ; il est accompagné d’une introduction, de notes, de cartes et d’illustrations empruntées à l’œuvre de l’artiste Louis Choris. Ce très beau récit fait la part belle à l’océan Pacifique que l’équipage (russe) du Rurik a parcouru pendant près de deux ans. Il évoque aussi le Kamtchatka, la Tchoukotka, l’Alaska russe et la Californie, les Philippines. C’est selon les membres de la Société des Océanistes un récit très important pour la connaissance de l’Océanie au XIXe siècle. Ce second tour du monde russe est déjà connu par les récits d’autres participants, celui de Chamisso, le naturaliste (publié chez José Corti) et celui de Louis Choris, l’artiste de l’expédition, réédité chez Chandeigne."

"À la fin des guerres napoléoniennes, les voyages de découvertes et d’explorations reprennent. Pour l’empire russe, il s’agit de renforcer sa présence sur les mers du globe, inaugurée dès 1803-1806 par la première circumnavigation russe de Krusenstern et Lisianski. L’objectif premier de la nouvelle expédition est de découvrir le fameux passage du nord-est et d’explorer le Pacifique Sud et la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord. Elle est confiée à un jeune capitaine de 27 ans, Otto von Kotzebue. Pendant plus trois ans, de 1815 à 1818, le Rurik explore les océans. S’il ne parvient à trouver un passage au nord de l’Amérique, il découvre le golfe qui porte son nom, repoussant plus au nord les limites atteintes par ses prédécesseurs. Il explore le détroit de Béring, les côtes ouest de l’Alaska et du nord-est de l’Asie. Contraint d’abandonner sa recherche au nord, il revient à Hawaï pour un long séjour et sa description de l’île Oahu à l’époque de Kamehamea Ier fait date. Mais son nom reste associé à la connaissance des îles Marshall qu’il est le premier à décrire. Son travail cartographique et ses observations ethnologiques, souvent fondées les liens amicaux tissés avec les autochtones, sont d’une grande valeur. La publication inédite en français de ce récit, bien écrit, vivant et sensible, sans doute occulté par le succès littéraire et scientifique rencontré par celui d’Adalbert von Chamisso, qui participe au voyage, rend justice à celui qui fut un des plus grands navigateurs de son temps.
« Pendant que les naturalistes vadrouillaient dans les montagnes, je m’entretins avec mes nouveaux amis de l’île Saint-Laurent qui m’invitèrent dans leurs tentes dès qu’ils apprirent que c’était moi le commandant. Sur le sol était étalé un morceau de cuir sale sur lequel je dus m’asseoir, puis ils vinrent l’un après l’autre vers moi, m’embrassèrent, frottèrent énergiquement mon nez au leur. Ils terminèrent leurs caresses en crachant dans leurs mains qu’ils passèrent plusieurs fois sur mon visage. Je le supportais avec stoïcisme, bien que ces marques d’amitié ne me plussent pas vraiment. Pour empêcher de nouvelles manifestations de tendresse, je distribuai des feuilles de tabac, qu’ils reçurent avec grand plaisir, mais qu’ils voulaient exprimer en même temps avec leurs caresses. Alors, je saisis prestement des couteaux, des ciseaux et des perles et leur en offris quelques-uns, réussissant à détourner de moi ce second accès d’affection. Mais une souffrance tout aussi grande m’attendait quand ils entrèrent avec une auge en bois remplie de lard de baleine (la plus grande délicatesse parmi les peuples côtiers du nord) pour me restaurer. Je me servis malgré tout courageusement, même si je savais que cette nourriture était répugnante et nocive pour l’estomac d’un Européen. Ceci, et aussi d’autres cadeaux que je distribuai plus tard scellèrent notre relation amicale. »"

Merci à monsieur Éric Poix, fondateur des éditions La Lanterne magique, pour nous avoir signalé cette publication précieuse.