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Journée d’étude "Babel transatlantique. Circulations des savoirs linguistiques (Europe, Amérique, Afrique, XVIe-XIXe siècle) (Paris, 16 novembre 2017)

Le 16 novembre 2017 à 11h17

Journée d’étude ’Babel transatlantique
Circulations des savoirs linguistiques
Europe, Amérique, Afrique, XVIe-XIXe siècle
Université Paris Diderot

Bâtiment Olympe de Gouges | salle 628
8 place Paul Ricoeur, Paris 13e
Jeudi 16 novembre 2017



Organisation pour l’ICT : Charlotte de Castelnau-L’Estoile et Fabien Simon.

"Nous souhaitons, lors de cette journée, prolonger les réflexions lancées lors d’une précédente rencontre, autour de la place des langues extra-européennes, en particulier américaines ou africaines, dans l’élaboration d’un savoir linguistique, aux formes diverses, entre XVIe et XIXe siècles.



Comment se construit-il non pas uniquement dans des lieux de savoir européens mais dans un processus de circulation entre des centres de production variés, sur les terrains offrant un accès direct à ces idiomes déjà ou dans les lieux d’accumulation des connaissances linguistiques en Amérique ou en Europe. Afin de mettre en avant une histoire matérielle de ce savoir, il s’agira d’envisager la manière dont ces langues circulent : sous quelles formes, à partir de quels échantillons (les alphabets par exemple), prélevés et transportés ? Comment ces derniers sont-ils thésaurisés entraînant la constitution d’« archives linguistiques » (J. Trabant), tantôt bibliothèques, tantôt cabinets où les langues sont exposées, tantôt ouvrages manuscrits ou imprimés les rassemblant ? L’exposition de ces langues passent-elles par une translittération en caractères latins, par l’usage de caractères spéciaux, par d’autres formes de mise en écriture ? Leur accorde-t-on d’ailleurs le statut d’« écritures » ou d’« hiéroglyphes », catégorie omniprésente entre XVIe et XVIIIe siècle ? Seront ainsi au centre des réflexions les techniques d’impression de ces langues : dans quels lieux et par quels acteurs sont élaborés les caractères typographiques ? Comment rendre typographiquement les particularités de telle ou telle langue ? L’imprimerie de la Congrégation de Propaganda Fide offrira ainsi un lieu privilégié, « aux antipodes de Babel » (G. Pizzorusso), de l’étude de cette gestion des langues « autres », issues des « quatre parties du monde » dont Francesco Ingoli (1578-1649), premier secrétaire de la Congrégation, dresse une Relazione en 1631. Les langues américaines ne font pourtant pas partie du fonds de la Typographie : la position d’« angles morts » linguistiques de l’Amérique ou de l’Afrique, vues depuis l’Europe, apparaît ainsi comme un point saillant.
L’attention aux centres de production typographique invitera donc à prendre en considération les acteurs divers de l’élaboration des savoirs, en rien limités aux seuls philologues érudits mais incluant aussi les « techniciens », ouvriers typographes forgeant les poinçons ou imprimeurs gérant de nombreuses presses.
Cette prise en compte des acteurs dans leur diversité invite aussi à insister sur ceux agissant depuis les terrains transatlantiques. Les missionnaires en particulier apparaissent comme des intermédiaires privilégiés, leurs missions d’évangélisation les conduisant à se confronter aux locuteurs des territoires où elles prennent place. Ces derniers, agents indigènes, sont partie prenante de la construction des savoirs. Comment s’élabore alors une « linguistique missionnaire » (O. Zwartjes) ? Comment les missionnaires apprennent-ils puis enseignent‑ils les langues indigènes, grâce à quels outils (vocabularios, sermonarios...), imprimés ou manuscrits ; à partir de quelles interactions ?
Une approche pluridisciplinaire de ces questionnements, partagés entre historiens, linguistes ou anthropologues, conduira à des échanges fructueux."

Source de l’information :
http://www.ict.univ-paris-diderot.fr/node/861
Via la liste de diffusion de l’AHMUF.