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Séminaire Global Race 2018 (Paris, INED et Sciences Po-CERI)

Le 15 mai 2018 à 10h15

Séminaire Global Race 2018
Globalisation du référentiel racial
Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud
XXe et XXIe siècles
Organisé par l’INED et Sciences Po-CERI
Avec le soutien de l’ANR



Inscription obligatoire :
juliette.galonnier@ined.fr

Séance du 15 mai 2018 - Silyane Larcher, Fanny Malègue et Benoît Trépied
L’usage des catégories raciales en Outre-Mer
Discutante : Sarah Mazouz (CERAPS, CNRS)
14-17h, salle Alfred Sauvy, INED : 133, boulevard Davout, 75020 Paris
Plus de détails sur la séance, ci-dessous :

"Le projet Global Race porte sur les reconfigurations du racisme et du concept de race depuis 1945 dans le contexte du développement des politiques antidiscriminatoires. Il entend examiner les différentes théories et stratégies pratiques à l’égard de la référence à la race et à l’ethnicité dans le champ scientifique, les politiques étatiques et les mouvements sociaux. Pluridisciplinaire par ses objets, le projet mobilise la démographie, la sociologie, l’histoire, la science politique, la philosophie et le droit. Les terrains d’investigation empirique porteront, outre les organes internationaux et régionaux de défense des droits fondamentaux, sur trois aires régionales présentant des profils contrastés du point de vue de la relation au référentiel racial : Amérique du Nord, Amérique latine et Europe."

19 janvier 2018 - Françoise Morin (Université Lyon 2 – Université Laval)
De l’ethnie à l’autochtonie. Mobilisations des organisations autochtones pour se faire reconnaître comme "peuples autochtones" à l’ONU et participer à l’élaboration d’une déclaration universelle de leurs droits (1977-2007)
Discutante : Elisabeth Cunin
15-17h, salle Jean Monnet, Sciences Po-CERI : 56 rue Jacob, 75006 Paris

16 février 2018 - David Sulmont (Pontificia Universidad Católica del Perú)
L’ethnicité dans le recensement péruvien 2017 : Débats et critères pour la formulation de la question sur l’auto-identification ethnique
Discutante : Graziella Moraes Silva (The Graduate Institute, Geneva).
15-17h, salle Alfred Sauvy, INED : 133, boulevard Davout, 75020 Paris

14 mars 2018 - Jean-Frédéric Schaub (EHESS)
Quelle histoire des catégories raciales ? Seulement contemporaine ou bien plus ancienne ?
Discutant : Patrick Simon
15-17h, salle Jean Monnet, Sciences Po-CERI : 56 rue Jacob, 75006 Paris

6 avril 2018 - Ellis Monk (Princeton University)
The Shadow of the State : Social Categories, Politics, and the Standard Model of Inequality
Discutant : Daniel Sabbagh (CERI, Sciences Po)
15-17h, salle Alfred Sauvy, INED : 133, boulevard Davout, 75020 Paris

15 mai 2018 - Silyane Larcher, Fanny Malègue et Benoît Trépied

L’usage des catégories raciales en outre-mer
Silyane Larcher (URMIS, CNRS), "Citoyenneté et fabrique de la ’race’ durant la période post-esclavagiste aux ’vieilles colonies’ (1848-1890)"
"Si en vertu du principe révolutionnaire d’universalité des droits du citoyen, l’abolition de l’esclavage par la Seconde République en 1848 a institué la pleine égalité civile et politique entre citoyens (masculins) de la métropole et ex-esclaves des "vieilles colonies" de plantation, l’égalité civique n’a pas pour autant impliqué la pleine inclusion de ces derniers dans la "communauté des citoyens" (Dominique Schnapper, 1994). La citoyenneté française (droits civils et droits politiques) s’est en effet accompagnée aux Antilles (mais aussi en Guyane et à la Réunion) d’un régime législatif dérogatoire au droit commun. Ces "colonies de citoyens" (Laurent Dubois, 2004) furent régies par un régime juridique les plaçant en dehors des lois applicables en métropole. Quelle "pensée d’État" permit de faire tenir ensemble l’articulation improbable entre égalité civique et exception ? La division de l’égalité qui fonda une mise à l’écart des égaux ou une "altérisation" des citoyens des colonies post-esclavagistes s’est articulée dans la longue durée à une politisation des héritages historiques et anthropologiques des personnes originaires des îles à sucre. En abordant l’histoire de la citoyenneté française à partir de sa marge coloniale caribéenne, on observe ainsi qu’elle ne fut pas toujours unitaire ni abstraite : elle s’est articulée à une fabrique de la race. La logique de racisation par laquelle s’opéra la coupure entre Français de la métropole et Français des "vieilles colonies" anciennement esclavagistes ne se comprend pas simplement en termes coloristes, mais plutôt en termes "civilisationnels" - dirions-nous aujourd’hui en termes "culturels"."

Fanny Malègue (EHESS, INED), "’Qu’on ne s’étonne plus de voir répéter si souvent un dénombrement des esclaves et des animaux’ : recenser la population dans un empire colonial esclavagiste, Antilles, 1763-1804"
lors que la France métropolitaine n’est pas recensée in extenso avant l’ère napoléonienne, des recensements sont réalisés de manière minutieuse et très régulière sur les territoires ultra-marins, et ce, dès le début de l’expansion coloniale. Dès 1635, et avant même que la domination coloniale ne soit effective, ou que des populations aient été envoyées, les instructions données aux membres de la compagnie à charte chargée de coloniser les Isles mentionnent l’ordre d’effectuer un recensement annuel de la population. Le recensement semble dès lors accompagner la construction de l’Empire et l’imposition de la colonialité. Le but de cette communication sera d’explorer cette hypothèse à travers une circulation dans le temps et dans l’espace, des origines du premier Empire colonial à son crépuscule, des colonies antillaises à la Corse, de l’Ancien Régime à l’Empire napoléonien. L’analyse sera aussi aiguillée par la diversité des terrains recensés où l’esclavage n’est pas partout appliqué. Comment s’articule la pratique du recensement à l’imposition de la domination coloniale et impériale et au maintien de l’esclavage ?"

Benoît Trépied (IRIS, CNRS), "Les statistiques ethniques en Nouvelle-Calédonie : enjeux d’une exception républicaine"
"La Nouvelle-Calédonie est à ce jour le seul territoire de la République française autorisé à produire des statistiques ethniques. Lors des recensements de population réalisés tous les cinq ans, les personnes recensées doivent répondre à une question sur leur appartenance "communautaire" en cochant une (ou, depuis 2009, plusieurs) des neuf cases proposées ; elles peuvent aussi écrire un commentaire après avoir coché la case « Autres ». Ma présentation a pour objectif d’expliquer les raisons de cette exception républicaine et d’ouvrir des pistes de réflexion sur les enjeux et tensions qu’elle soulève. Ce dispositif s’inscrit d’abord dans la continuité administrative d’une technique d’identification des populations élaborée sous l’ère coloniale et prend tout son sens à l’aune du type bien spécifique de colonisation (dite de "peuplement") qu’a connue la Nouvelle-Calédonie au sein de l’empire français. En outre, les questions communautaires du recensement calédonien sont aujourd’hui constituées en un outil-clé d’évaluation du processus de "décolonisation progressive" qu’expérimente la Nouvelle-Calédonie depuis 20 ans et que le référendum d’autodétermination du 4 novembre 2018 est censé clôturer. Enfin, la possibilité offerte depuis 2009 de cocher plusieurs cases, qui résulte d’une longue mobilisation collective locale, a transformé les représentations dominantes de la population de l’archipel en donnant une visibilité inédite aux personnes auto-identifiées comme "métisses", ce qui n’est pas sans conséquences sur les termes du débat politique entre indépendantistes et anti-indépendantistes."

Discutante : Sarah Mazouz (CERAPS, CNRS)
14-17h, salle Alfred Sauvy, INED : 133, boulevard Davout, 75020 Paris

15 juin 2018 - Romain Robinet (Université d’Angers, TEMOS)
Race, racialisme et racialisation : un regard mexicain (années 1940-1950)
15-17h, salle Alfred Sauvy, INED : 133, boulevard Davout, 75020 Paris

Source de l’information :
https://global-race.site.ined.fr/fr/evenements/seminaires/2018/
https://global-race.site.ined.fr/