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Économie et société en Afrique subsaharienne (XIXe-XXe siècles)

Le 19 septembre 2013 à 18h02

Roger Pasquier, Économie et société en Afrique subsaharienne (XIXe-XXe siècles), 2011, 434 p. ISBN : 978-2-85970-049-2 (5 euros).

L’ouvrage rassemble des articles de revue ou des chapitres de livre déjà publiés, mais dans les années 1960-1990, et difficilement accessibles car une majorité des revues ou ouvrages concernés n’ont pas été numérisés. L’intérêt d’un tel livre n’est pas de « rendre hommage » à un historien qui aura connu une vie de chercheur intensive, mais bien plutôt de confronter entre eux environ deux douzaines de textes pour leur apporter la « profondeur » de champ qui leur donnera tout leur sens.
En effet, si l’histoire africaine s’est profondément renouvelée, elle a été aussi le fruit d’une série de « petites » étapes discrètes, alimentées de lectures d’archives originales et persévérantes, par des chercheurs de haute volée mais discrets, tel Roger Pasquier. Le rassemblement de ces textes permet d’apporter une pierre significative à « l’école » française d’histoire africaine, sur des registres plutôt économiques et sociaux. Mais ce chercheur « de la vieille école » aura fait preuve de novation puisque chacun de ces textes ajoute à leur dimension économique ou sociale une dimension politique, qui donne à chaque acteur du monde des affaires ou de la société un impact plus fort, au coeur des communautés d’intérêts métropolitaines ou africaines. Cette confrontation récurrente entre économique et social d’une part, et politique d’autre part alimente un effet de levier qui relance sans cesse l’intérêt de l’ouvrage.
Alors que nombre d’études récentes se sont mobilisées autour de l’histoire du XXe siècle, l’intérêt de ce livre est de couvrir à la fois la « préhistoire » de la « seconde colonisation », avec des chapitres sur les années 1830-1870, et la maturation de ce mouvement impérial, sinon impérialiste. Le vaste champ chronologique couvert, sans superficialité toutefois, par l’ouvrage nourrit une confrontation des récurrences thématiques, des problématiques, des corpus de mentalités, ce qui constitue, à notre sens, l’une de ses originalités déterminantes.
R. Pasquier présente lui-même l’ordonnancement de cet ouvrage dans son introduction. Classiquement, deux grands blocs ont été constitués, en histoire économique et en histoire sociale, même si, en fait, en arrière-plan, l’histoire politique, celle des groupes de représentation d’intérêts, des réseaux d’influence, est toujours présente. Republier ces textes permet de les rendre accessibles dans un livre imprimé – malgré la mode de la numérisation. « Rendre hommage » à l’action de R. Pasquier est ainsi justifié, car l’histoire des outre-mers aura été enrichie par ses investigations d’historien.
L’histoire des outre-mers a longtemps privilégié le politique et le militaire. Des chercheurs pionniers ont contribué à la percée de l’économique et du social. R. Pasquier aura quant à lui mobilisé les interactions entre économique et social dans les territoires de l’Afrique occidentale. Il a soupesé l’esprit d’entreprise des négociants, scruté les initiatives es communautés d’intérêts, évalué la cristallisation d’élites au sein du monde des affaires coloniales, analysé les retombées sociales, voire syndicales, du mouvement économique « moderne » sur les communautés africaines.
Cet ouvrage regroupe l’ensemble des textes publiés par R. Pasquier et permet ainsi de nourrir les comparaisons entre les divers territoires africains et espaces outre-mer.
R. Pasquier a été enseignant-chercheur à l’Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne et secrétaire générale de la Société française d’histoire d’outre-mer.