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Appel à communication pour le dossier « Adapter l’enseignement, les institutions et les dispositifs scolaires en situation coloniale et postcoloniale. Perspective globale et histoire connectée » d’Outre-Mers. Revue d’histoire coloniale et impériale

Le 10 juin 2022 à 19h20

Appel à communication pour le dossier
« Adapter l’enseignement, les institutions et les dispositifs
scolaires en situation coloniale et postcoloniale.
Perspective globale et histoire connectée »
d’Outre-Mers. Revue d’histoire coloniale et impériale

Numéro sous la direction de Pierre-Éric Fageol et Céline Labrune-Badiane



APPEL À CONTRIBUTION

« Adapter l’enseignement, les institutions et les dispositifs scolaires en situation coloniale et postcoloniale. Perspective globale et histoire connectée »

Outre-Mers. Revue d’histoire coloniale et impériale

Numéro sous la direction de :
Pierre-Éric FAGEOL, Université de La Réunion, ICARE
pierre-eric.fageol@univ-reunion.fr
Céline LABRUNE-BADIANE, chercheuse associée au laboratoire CESSMA, Université Paris VII
celine.labrunebadiane@gmail.com

1. Argumentaire

Dans ce numéro d’Outre-Mers. Revue d’histoire coloniale et impériale, nous proposons d’explorer l’adaptation de l’enseignement, de l’institution scolaire et des dispositifs éducatifs dans l’Empire colonial français au miroir de la politique d’adaptation qui a prévalu en métropole, dans l’école de la IIIe République (Chanet, 1996 ; Thiesse, 1997 ; Ploux, 2011), et ses héritages dans les territoires qui en sont issus. L’adaptation de l’enseignement n’est pas réductible à des enjeux pédagogiques mais est fondamentalement une question politique et idéologique. Elle s’opère différemment en fonction des périodes, des espaces, des contraintes budgétaires, des objectifs poursuivis, des rapports de force entre acteurs bureaucratiques et de l’idéologie plus ou moins pragmatique des acteurs en charge de sa mise en œuvre. Les acteurs de l’enseignement se montrent aussi attentifs aux expériences réalisées en dehors de l’Empire colonial français et de l’espace francophone. L’adaptation de l’enseignement en situation coloniale fut un projet éminemment conservateur : sous couvert de la prise en compte des différences culturelles, elle maintenait en fait les colonisés dans une position subalterne. Dans les colonies, certains furent dès lors vivement opposés à son développement, refusant le décrochage de l’école par rapport à la métropole. Les travaux qui abordent la question des pratiques de classe au quotidien sont rares ; ils montrent un décalage entre les politiques et la réalité des apprentissages au quotidien (Ly, 2009 ; Deleigne, 2010 ; Labrune-Badiane et Smith, 2018 ; Labrune-Badiane, 2021). La décolonisation a engendré une refondation de l’école dans les anciens territoires colonisés, devenus départements français ou États indépendants. Bien qu’il y ait le plus souvent eu volonté de rupture, celle-ci concerna davantage les curricula et les objectifs globaux de l’école que ses structures qui se perpétuent jusqu’à présent. Par ailleurs, les expériences éducatives coloniales et les acteurs de l’enseignement dans les colonies ont pu être « recyclés » dans le système éducatif en métropole (Falaize, 2015 pour les circulations de l’AOF vers la métropole).

La place accordée aux acteurs et aux pratiques de l’enseignement ouvre ainsi de nouvelles problématiques de recherche sur l’efficience d’une école coloniale qui dépasse le seul cadre de la mission civilisatrice et de sa vocation assimilatrice initiale. Du curriculum prescrit au curriculum réel (Hossen-Fageol-Wallian, 2020), des discours scolaires (Fageol, 2012) aux pratiques de classe, des cadres officiels de référence à l’émergence de nouvelles référentialités coloniales, les perspectives de recherche sont désormais à la croisée de divers champs convoquant tout à la fois une histoire sociale de groupes professionnels issus du milieu éducatif et une histoire des fondements didactiques et pédagogiques de l’enseignement colonial. La circulation de modèles pédagogiques - depuis les métropoles, entre les colonies et entre les empires - interroge également les mobilités impériales et le rôle des acteurs sur les stratégies éducatives coloniales dans une perspective transnationale et transimpériale.

Les recherches engendrées par les études postcoloniales et décoloniales (Salaün & Trépied, 2020) tendent enfin à montrer que le « legs colonial » (Bayart, 2006) fait toujours débat et que l’étude scolaire du « fait colonial » demeure didactiquement complexe et politiquement sensible quels que soient les territoires et les périodes étudiés (De Cock, 2012). Cela constitue spécialement un défi majeur pour l’enseignement de l’histoire et de la géographie dans les territoires d’outre-mer (Maurice, 2018) et l’utilisation des langues vernaculaires pour l’enseignement (Salaün, 2010 ; Fageol, 2016).

Ce numéro d’Outre-Mers. Revue d’histoire coloniale et impériale vise à donner une vue d’ensemble des idéologies, des politiques et des expériences scolaires dans les empires coloniaux européens contemporains en Afrique, en Asie, dans la Caraïbe et dans l’océan Indien et dans les territoires qui en sont issus afin d’analyser notamment les ruptures et les continuités entre les périodes coloniale et postcoloniale. Les propositions s’inscriront dans les approches, champs historiographiques et thématiques énumérés ci-dessous.

2. Cadrage général


 Approche trans et multidisciplinaire (histoire, sociohistoire, sociolinguistique, philosophie de l’éducation, sociologie de l’éducation, anthropologie, etc.).
 Approche comparative et transimpériale : Empires coloniaux contemporains en Afrique, en Asie, dans la Caraïbe et l’océan Indien.
 Période : coloniale et postcoloniale (XIXe-XXe).
 Champs historiographiques et thématiques : histoire conceptuelle ; histoire des disciplines scolaires ; politiques linguistiques ; enseignement public et privé confessionnel, missions, enseignement pratique, technique, professionnel et général.
 Acteurs : institutions, élèves, enseignants, élites, penseurs de l’éducation.

3. Axes

Cet appel à contribution concerne en priorité les axes suivants qui pourront être abordés de manière complémentaire par les auteurs :
 Curricula et pratiques d’enseignement ;
 Logiques d’acteurs ;
 Circulation des modèles éducatifs et d’enseignement.

4. Délais et modalités

L’évaluation se fera sur la base de l’article complet :

a. Envoi de la proposition d’article avant le 1er septembre 2022.
Les propositions d’article de 6 000 caractères maximum (espaces compris), accompagnées d’un bref CV scientifique, devront faire apparaître la problématique, la méthode, le corpus ou terrain et les éléments centraux de l’argumentation.
b. Annonce des propositions sélectionnées le 1er octobre 2022.
c. Envoi de l’article complet le 15 janvier 2023. Les recommandations aux auteurs sont disponibles sur :
http://www.sfhom.com/sfhom/2022b_sfhom_recommandations_auteurs_outre-mers.pdf.
d. Retour des évaluations le 1er mars 2023.
e. Réception du texte final le 15 avril 2023.
f. Publication du numéro spécial en juin 2023.

Contacts

Pierre-Éric FAGEOL : pierre-eric.fageol@univ-reunion.fr
Céline LABRUNE-BADIANE : celine.labrunebadiane@gmail.com

Comité d’expertise

Clélia CORET - Mylène EYQUEM - Pierre-Éric FAGEOL – Pierre GUIDI - Jean-François KLEIN - Céline LABRUNE-BADIANE - Soraya LARIBI - Didier NATIVEL - Étienne SMITH - Claude PRUDHOMME - Rebecca ROGERS - Damiano MATASCI – Edenz MAURICE - Faranirina RAJAONAH - Thuy Phuong NGUYEN